CORPS-PEAU CORPO

Corps-Peau Corpo

Créée dans le cadre du festival SubDivision à Ottawa, cette prochaine installation projette le spectateur (un seul à la fois) dans un futur rapproché où la location de greffes d’organes sexuels temporaires est marchandée. Dans ce contexte, l’installation s’amuse à se jouer des clichés sexuels avec humour et ironie en se confrontant à la question identitaire.

Le spectateur pénètre dans une cabine située dans le « Red Light » d’un univers oriental dystopique. Le principe du festival est d’inviter des artistes à investir un lieu imposé pour y créer une œuvre in situ. Comme espace de création, nous avons hérité du corridor derrière la billetterie de la Nouvelle-Scène. Ce court corridor exigu avec ses murs et plafonds d’un rouge orangé et qui donnait sur une fenêtre noire, nous semblait dégager un orientalisme que nous avons voulu exploiter tout en dépaysant le spectateur. Le spectateur entre dans l’atmosphère tamisée et orientalisée de la cabine et fait face à un écran où est projetée une vidéo d’un modèle nu (moi) où l’on propose différentes options d’organes interchangeables.

Pour l’anecdote, lorsque j’étais enfant, dans certaines boîtes de céréales, on trouvait des espèces de carton avec des personnages dont on pouvait changer l’apparence en superposant différentes parties du corps. Je me rappelle d’un cow-boy, en tutu et en palme de grenouille. J’adorais ça. C’est ce qui a été l’inspiration première de cette installation.

Une bande sonore en trois langues (français, anglais et cantonais) accompagne la vidéo et nous vend les mérites de cette nouvelle technologie. Puisque le festival est principalement anglophone (c’est la première fois que l’on invitait des artistes francophones), l’anglais prédomine sur le français, mais selon le contexte, il est très simple de renverser la proportionnalité langagière.

Cette expérience immersive est pour un seul spectateur à la fois et celui-ci détermine la longueur du temps qu’il désire y passer. La performance est continue et la formule est flexible.

La bande-son et la projection sont volontairement de durées différentes laissant la place à l’aléatoire et à diverses juxtapositions de sons et d’images. À la manière du roman 1984, certains textes dogmatiques sont projetés sur les murs de l’installation et s’amusent à se contredire selon la langue dans laquelle elle est projetée.

Sans trop se prendre au sérieux, l’installation questionne notre relation à la sexualité et aux clichés convenus.